MOTS MONDES

À Madou, à Bruxelles, il existe une école sociale pour adultes. C’est une école sociale, ce qui signifie que les cours sont extrêmement bon marché, et encore moins chers pour les personnes au chômage. Parmi les étudiants, on trouve beaucoup de nouveaux arrivants, de mères, et de personnes en recherche d’emploi. C’est aussi le cas dans la classe 8.

Le cours commence tôt le matin. Les étudiants arrivent petit à petit, parlant toutes les langues en même temps. Dès que l’enseignante commence à parler d’une voix douce, tout le monde devient silencieux. Elle introduit un nouveau thème : la justice. Dans son explication, elle relie les tensions politiques actuelles dans le monde à des phénomènes anciens. Les élèves doivent discuter, en binôme, d’un énoncé spécifique : l’injustice ou le désordre, en utilisant le nouveau vocabulaire.

Un à un, les étudiants rendent compte de leur échange. Tout en se concentrant sur la langue, avec de nouveaux mots et structures de phrases, ils livrent de grands témoignages. Il s’agit de moments importants ou d’observations dans leur vie, souvent liés au départ, à la migration et à l’intégration. La lutte des étudiants révèle une certaine vulnérabilité : d’un côté, la langue qu’ils ne maîtrisent pas encore totalement ; de l’autre, leur fort désir de s’exprimer.