LA DECAPITATION D'OUSMANE SEMBENE

1988, un cinéma en plein air au Sénégal. La lampe du projecteur brille de mille feux tandis que le film défile. Un général blanc à côté d'un drapeau français apparaît sur l'écran du cinéma. Il est suivi d'un char d'assaut. Le projecteur de poursuite du char s'allume. Sa lumière vive ressemble à un reflet du projecteur du cinéma. Les visages ahuris des spectateurs sénégalais. Le char tire, le bruit de la mitrailleuse et le bruit du projecteur se confondent.  Des soldats noirs morts apparaissent à l'écran - « Assassins ! » crie quelqu'un dans le public. Le film Camp de Thiaroye a un impact violent lors de sa projection au Sénégal. Il montre les vraies couleurs du colonialisme français.

L'ambassadeur de France au Sénégal est furieux. “Propagande marxiste mal jouée !". Est-il possible de se débarrasser du film et peut-être aussi de son réalisateur, Ousmane Sembene ? Un plan est mis en place pour attirer Sembene en France et le juger pour actes de terrorisme. La Commission française de classification des œuvres cinématographiques sera l'exécutrice de ce plan. Ils organisent un événement de réseautage pour soi-disant faciliter la distribution du Camp de Thiaroye et invitent Ousmane Sembene. L'événement se déroule dans un château hanté, gardé par les services secrets. 

Mais bien sûr, il s'agit d'un coup monté. Pendant que la commission projette le film et en discute, une salle d'audience de fortune est construite dans le jardin pour traduire Sembene en justice. Des villageois font office de jury populaire et un juge, un avocat et un procureur sont amenés sur place. 

Sembene est condamné à la peine de mort.