DER SCHAUSPIELDIREKTOR

La Monnaie - Palais des Beaux-Arts:

En 1786, le viennois Joseph II, Empereur du Saint-Empire, pensa qu’une excellente idée serait d'organiser un banquet avec de nombreux convives en l'honneur de sa sœur l'archiduchesse Maria Christina et de son mari, Albert Casimir de Saxe-Teschen, gouverneur des Pays-Bas autrichiens, tous deux en visite de Bruxelles. Avec comme ultime surprise à déguster, un dessert musical ! Celui-ci consistant en un concours d'opéra entre un Singspiel (allemand) joué d’un côté de la salle suivi d'un opéra buffa (italien) joué de l'autre côté. Chargé de réaliser en partie cette commande, Mozart composa Der Schauspieldirektor, l’histoire d’un metteur en scène en difficulté financière s’efforçant de maintenir en permanence un équilibre entre les aspirations de diva des divers chanteurs. De son côté, Antonio Salieri, son concurrent à la cour de Vienne, composa Prima la musica e poi le parole, caricature de leur collègue librettiste Lorenzo da Ponte.
Der Schauspieldirektor date d'une période créative de la vie de Mozart (à l’époque, il a temporairement mis Le Nozze di Figaro au frigo) et porte indéniablement le prestigieux cachet musical de Wolfgang Amadeus. Mais le contenu et l'articulation imposés de l’œuvre de commande (une ouverture, seulement quatre numéros musicaux et beaucoup de dialogue) n’ont nullement facilité la tâche du génial compositeur de transcender l’ensemble, créé dans ce contexte particulier.
Par conséquent, pour le projet actuel, les dialogues originaux (ou des parties d'entre eux) ont été réécrits. De cette façon, cet opéra nous revient exploré sous une nouvelle lumière et enrichi de nouveaux sens inédits. Ce faisant, la Monnaie fait la démonstration qu’originalité et tradition peuvent aller de pair.
En même temps, l'élaboration formelle de Der Schauspieldirektor en fait une œuvre idéale en ces temps de crise Corona: un petit orchestre, une poignée de rouleaux d’opéra et une représentation d’à peine une heure.